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Crazy Horse

Paris

Lieu mythique de divertissement, le Crazy Horse est le cabaret sans doute le plus en vue à Paris, avenue George V. Créé par Alain Bernardin et inauguré en 1951, il s’applique à valoriser la beauté, la sensualité et le talent brut de ses danseuses. Plus de 6 millions de spectateurs, dont d’innombrables célébrités, le Tout Paris et les stars du monde entier, sont venus admirer cette revue d’avant-garde qui, depuis 2001, fait aussi l’objet d’un spectacle permanent à Las Vegas. Supervisé au départ par l’architecte historique du Crazy, Monsieur Ugo Truscelli, qui s’y investit pendant de très longues années, Anne Derasse a eu la chance de pouvoir s’approprier, le temps d’un chantier, cet espace iconique. Il fallait perpétuer la tradition presque rituelle de cet érotisme esthétique se déroulant au cours d’un spectacle de danseuses d’une sensualité subjuguante. Objet de tous les fantasmes, la danseuse doit cependant rester un être inabordable malgré la relative proximité de la scène avec la salle. Projet atypique, sans antécédents, Anne nous déclare: « Ce fut avec un mélange d’interrogation et de fascination que je me lançais dans le projet. D’abord, j’assistais à une représentation afin de comprendre les mécanismes et contraintes pour mettre en forme les demandes des propriétaires. Je fus conquise par l’esthétique du spectacle, d’où émane un érotisme jamais vulgaire, jeu de séduction à l’éloge de la beauté féminine où les lumières habillent les corps dénudés. J’y ai ressenti aussi cette association sensualité – discipline : derrière chaque tableau, il y a un travail et une précision impressionnante du chorégraphe, des danseuses, des techniciens qui s’y cachent sans en avoir l’air. J’oserais ce parallèle avec l’architecture d’intérieur où la rigueur de la construction spatiale s’entoure ensuite de la sensualité des matières et couleurs. » Comme le souligne encore Anne Derasse, « le mythe du Crazy Horse est tellement absolu qu’il ne fallait pas le déranger. Les commanditaires voulaient à tout prix garder l’image et l’esprit du Crazy véhiculés partout dans le monde. Il ne fallait pas perturber les spectateurs qui devaient eux aussi reconnaître le lieu. Il fallait donc rester humble pour s’effacer derrière la légende. L’organisation spatiale devait cependant être revue afin d’accueillir différemment, et plus agréablement et confortablement encore, les spectateurs. Auparavant, les sièges et strapontins étaient alignés comme dans une salle de cinéma, de façon assez monotone et impersonnelle. L’idée fut de constituer davantage de zones personnalisées, en imaginant de petites entités où chaque groupe ou couple disposerait de fauteuils et tables recevant l’incontournable seau à champagne. En somme, il fallait agrandir la capacité de la salle, sans pouvoir en repousser les murs… Nous sommes en effet dans les sous-sols de très chics immeubles de l’avenue George V. Et ce fut une véritable gageure spatiale! Par contre, la décoration devait être refaite quasi à l’identique: le rouge Crazy a été conservé ainsi que les dessins des moquettes créés par le fondateur du Crazy Horse, Alain Bernardin. L’accueil et la réception n’ont quant à eux pas été changés. Pour cette phase, le concepteur devait être en retrait, s’effacer pour laisser parler l’histoire du Crazy. Il y a ici un certain paradoxe : c’est un lieu pour voir et être vu mais le nouveau décor devait se fondre en quelque sorte dans ce qui a toujours été, paraître comme s’il avait toujours été là ». Malgré le manque d’espace et de temps, Anne Derasse a réussi à relever le défi de réaliser ce chantier en un temps record lors de la fermeture estivale du Crazy Horse. Les peintres y étaient encore à l’œuvre lors des répétitions précédant la réouverture… On peut imaginer l’ambiance des pinceaux aux effets tendus !

CRAZY HORSE

Paris | France

A mythical place of entertainment, the Crazy Horse, on Avenue George V, is without a doubt the most visible cabaret in Paris. Created by Alain Bernardin in 1951, it strives to showcase the beauty, sensuality, and raw talent of its dancers. More than 6 million spectators, including innumerable celebrities, the veritable Who’s who of Paris, and stars from around the world, come to admire this avant-garde cabaret, which, since 2001, has also had a permanent show in Las Vegas. Initially supervised by the Crazy Horse’s historical architect, Mister Ugo Truscelli, who has devoted many years to the place, Anne Derasse had the opportunity to take on this iconic space during the renovation works. It was important to retain the almost ritual tradition of aesthetic eroticism that comes across from the enthrallingly sensual dancers during the shows. The subjects of all fantasies, the dancers must remain unattainable, even as the stage brings them in close proximity to the spectators.

Regarding this atypical, unprecedented project, Anne recalls: ‘I went into it with a mixture of questioning and fascination. First, I attended a performance to understand the mechanisms and limitations, in order to give shape to the demands of the owners. I was won over by the beauty of the show, which exuded an aesthetic eroticism that never descended into vulgarity but was instead a seduction that paid homage to feminine beauty, with the otherwise nude bodies of the dancers dressed in light. I also felt an association between sensuality and discipline: behind every scene, there is hard work and impressive precision – by the choreographer, the dancers, and the technicians who, seemingly without effort, remain invisible. For me, this parallels interior architecture, where the rigour of spatial construction is enclosed by the sensuality of materials and colours’.

She continues, ‘The myth of the Crazy Horse is so absolute, it cannot be tampered with. The clients wanted to maintain the image and spirit of the Crazy Horse that has been spread around the world. The spectators must not be distracted, but must still recognise the place. So it was necessary to remain humble and blend into the legend. However, the spatial organisation certainly needed to be reorganised in order to accommodate the spectators differently, more pleasantly, and more comfortably. Before, the chairs and fold-up seats were organised in rows, like in a theatre; it was both monotonous and impersonal. The idea was to create more personalised zones, by creating small units where each group or couple would have armchairs and tables on which to place their indispensable champagne bucket. To summarise, we needed to expand the capacity of the room, without being able to push out the walls. Essentially, we were in the basements of the very chic buildings of the avenue George V. And it was a real space challenge! On the other hand, the decor had to be redone almost identically: we had to keep the Crazy Horse red as well as the carpet designs created by the founder of the Crazy Horse, Alain Bernardin. The entry and reception areas weren’t changed. For this phase, the designer had to step back, fade back, and let the history of the Crazy Horse speak for itself. This created a certain paradox: this is a place to see and be seen, but the new decor must fade back almost into what has always been, to seem as if it was always there’. Despite the lack of space and time, Anne Derasse succeeded in overcoming the challenges and completing the project in record time during the annual summer closure of the Crazy Horse. The painters were still at their work when the rehearsals began for the reopening… Just imagine how the atmosphere must have impacted their brushstrokes!